L’adaptation des logements aux fortes chaleurs par les organismes de logement social 

Publié le 18 juillet 2025

L’adaptation des logements sociaux aux fortes chaleurs est un défi majeur et peut-être plus complexe à relever que la l’adaptation contre le froid. Un rapport du 9 juillet 2025 de l’Agence nationale de contrôle du logement social, l’ANCOLS, réalise un état des lieux qualitatif des stratégies mises en place par les bailleurs sociaux concernant l’inconfort dans les logements lors de fortes chaleurs. Cette étude est issue des échanges réalisés auprès de trente bailleurs sociaux, implantés sur l’ensemble du territoire national y compris ultramarin et de dix organismes institutionnels accompagnant les bailleurs sur les sujets environnementaux.

Le besoin d’adaptation des logements aux fortes chaleurs est un sujet identifié par les bailleurs. En effet d’ici 2050, les projections indiquent que près de 25 millions de logements sur le territoire français seront exposés à au moins 20 jours de vague de chaleur par an.

Néanmoins cette adaptation est globalement,  faiblement intégrée dans leurs stratégies, avec des situations hétérogènes. Les bailleurs les plus moteurs sont ceux situés dans le Sud, les groupes nationaux et ceux confrontés aux îlots de chaleur urbains. 

Dans le neuf, l’existence d’une règlementation impose aux bailleurs de prendre en compte cette thématique. Ils le font à des degrés divers d’ambition. 

Dans l’existant, peu de solutions sont mises en place ; elles le sont le plus souvent de façon « opportuniste » dans le cadre d’une rénovation plus globale. Le cas échéant, les solutions déployées se veulent « simples » et « robustes » pour éviter entre autres des surcoûts de maintenance. Ces solutions dites « passives » (sur le bâti), couplées potentiellement à l’installation de brasseurs d’air et à un aménagement de la parcelle (végétalisation, désimperméabilisation), sont jugées efficaces par les bailleurs. L’adaptation aux fortes chaleurs peut requérir aussi des changements de comportements de la part des habitants. Pour autant, dans certains cas, le recours à la climatisation est vu comme inéluctable à plus ou moins long terme.

Au-delà de l’aspect financier, les principaux freins mentionnés par les bailleurs à une meilleure prise en compte du confort thermique d’été sont la méconnaissance de leur parc, l’absence de référentiels partagés, certaines contraintes techniques et architecturales ainsi que des organisations et ressources en interne encore à structurer.

Le réchauffement climatique en cours augmente l’intensité et la fréquence des vagues de chaleur l’été, rendant de plus en plus importante la prise en compte de la température des logements en période estivale. D’après l’enquête annuelle auprès des locataires du parc social réalisée par l’ANCOLS, quatre ménages du parc social national sur dix (hors Mayotte) indiquent, en 2024, souffrir de la chaleur dans leur logement en été. Dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), c’est près de 50 % des ménages qui déclarent souffrir de la chaleur lors de vagues de chaleur, avec néanmoins une disparité forte entre les territoires.

La France s’est dotée d’un Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), révisé régulièrement. De son côté, le secteur social s’est emparé de cet enjeu comme le montrent les différents travaux publiés, les outils de mesures développés et l’appel à expérimentation lancé par l’Union sociale pour l’Habitat (USH) ces dernières années.

Afin de contribuer à la réflexion collective, l’ANCOLS a souhaité réaliser un état des lieux des déclinaisons stratégiques et opérationnelles mises en place par les organismes de logement social (OLS). L’Agence a ainsi missionné le cabinet Pouget Consultants pour réaliser quarante entretiens qualitatifs auprès de bailleurs sociaux, dont les ultra-marins, et d’institutionnels impliqués sur le sujet. »

Rappel de la règlementation en vigueur :

La réglementation concernant l’adaptation des logements aux fortes chaleurs diffère pour la construction neuve et le parc existant.

Pour le parc existant, aucune obligation spécifique n’existe  sur le confort d’été. C’est la réglementation thermique actuelle qui s’applique, avec pour objectif principal l’amélioration de la performance énergétique du bâtiment. A noter que le nouveau DPE, entré en vigueur au 1er juillet 2021, intègre un indicateur sur le confort d’été permettant de juger si le confort d’été passif dans le logement est bon, moyen ou insuffisant.

Concernant la construction neuve, le cadre est fixé par la RE2020, qui prend notamment en compte le confort d’été via l’indicateur degrés-heures (DH) d’inconfort3. Les Degrés-Heures expriment la durée et l’intensité des périodes de chaleur inconfortable d’un bâtiment sur une année. Plus le nombre de DH est élevé, plus la surchauffe des logements est intense et/ou prolongée. 

Deux seuils ont été définis :

  • Un seuil haut au-delà duquel le bâtiment est non réglementaire, l’inconfort excessif. Ce seuil dépend des caractéristiques du bâtiment et de sa localisation géographique. Il est le plus souvent de 1 250°C.h.
  • Un seuil bas (350 °C.h), en-deçà le bâtiment est jugé confortable même en période caniculaire.

Entre ces deux seuils, le bâtiment respecte la réglementation mais un malus est appliqué à l’indicateur de consommation énergétique CEP, ce qui pénalise artificiellement le bâtiment sur le volet énergie. L’inconfort peut être alors important lors de fortes chaleurs.

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